La methode de frenzel
Herman Walter Gotthold Frenzel était un commandant de la Luftwaffe de l’aviation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.
Frenzel a découvert une manœuvre d’égalisation particulière, utile au pilote de bombardier en piqué.
Entre-temps, Duilio Marcante, le père de la plongée italienne, et Giorgio Odaglia, le pionnier de la médecine hyperbare italienne, ont également découvert la manœuvre de compensation des oreilles et l’ont appliqué immédiatement à la plongée sous-marine.
Ces découvertes ayant été faites simultanément, Marcante et Odaglia ne savaient rien de Frenzel, et vice versa.
En Italie, la manœuvre de Frenzel est donc plus communément appelée Marcante-
Odaglia. Par la suite, le nom de Frenzel sera retenu pour décrire cette manœuvre.
MÉCANISME DE FRENZEL
Le Frenzel est une manœuvre de compensation où les trompes d’Eustache sont ouvertes en raison de l’augmentation de la pression au niveau de la cavité nasale (rhinopharynx). Le volume d’air disponible se limite aux cavités buccales et nasales qui forment un espace commun lorsque le voile du palais est ouvert.
Cet espace d’air doit être étanche. Le nez est pincé et un block lèvres ou langue est utilisé, pour empêcher l’air de sortir par la bouche. La glotte est fermée pour ne pas que l’air présent dans cet espace soit aspiré dans les poumons.
La pression est créée à l’intérieur de l’oropharynx, en déplaçant la langue vers le haut. La langue comprime l’air emprisonné sous le toit de la bouche, entre la langue et le voile du palais. Le mouvement de bas en haut réduit le volume de la cavité buccale, qui est en communication avec la cavité nasale.
Ce mouvement de la langue génèrera une pression seulement, si de l’air est présent dans la cavité buccale et nasale.
Cet espace d’air sera chargé au préalable : c’est la translation d’air.
Une fois que les trompes d’Eustache sont ouvertes, les cavités buccales et nasales sont connectées à l’oreille moyenne. La pression créée génère une flexion vers l’extérieur du tympan.
Une fois que les trompes d’Eustache sont ouvertes, les cavités buccales et nasales sont connectées à l’oreille moyenne. La pression créée génère une flexion vers l’extérieur du tympan.
En utilisant seulement la pression exercée par la langue (manœuvre 100% pression).
En utilisant la compression de la langue et en sollicitant l’ouverture des trompes d’Eustache (manœuvre 50% pression et 50% moteur).
Manœuvre utilisant seulement la pression
La langue est neutre (pas en block) ou positionnée en bloc T, Ka ou Ga.
Le nez est pincé
Le voile du palais est ouvert
De l’air est présent dans la bouche
La glotte est fermée
La langue effectue un déplacement de bas en haut pour comprimer l’air
Le mouvement de la langue vers le palais permet de réduire le volume de la cavité buccale, qui est reliée à la cavité nasale.
Cette réduction de volume entraine une augmentation de pression permettant l’ouverture des trompes d’Eustache. Une fois ouvertes, de l’air pénètre dans l’oreille moyenne et équilibre la pression entre les trois espaces, à savoir la cavité buccale, la cavité nasale et l’oreille moyenne.
Les trompes d’Eustache sont ouvertes seulement grâce à l’action de la langue. C’est donc une manœuvre qui utilise à 100% la pression pour générer l’ouverture des trompes.
En utilisant le manomètre connecté à l’Otovent, nous avons remarqué que la pression minimale pour équilibrer est d’environ 20-30 mmHg.
Manœuvre utilisant la pression et l’ouverture des trompes d’Eustache
La langue est neutre (pas en block) ou positionnée en bloc T, Ka ou Ga
Le nez est pincé
Le voile du palais est ouvert
De l’air est présent dans la bouche
La glotte est fermée
La langue effectue un déplacement de bas en haut pour comprimer l’air
Le muscle tenseur du voile du palais est contracté afin de positionner les trompes d’Eustache pour faciliter leurs ouvertures.
Comme précédemment, le mouvement de la langue permet de réduire le volume et donc d’augmenter la pression dans les cavités buccales et nasales.
Mais le mouvement mécanique du muscle tenseur du voile pendant sa contraction permet d’aider les trompes à s’ouvrir.
L’ouverture des trompes est effectuée à 50% grâce à la compression de la langue et à 50% grâce à la contraction du muscle tenseur du voile du palais.
En utilisant le manomètre connecté à l’Otovent, nous avons remarqué que la pression minimale pour équilibrer, est d’environ 10-15 mmHg.
Les blocks utilisés pendant la manœuvre de Frenzel
Les blocks permettent d’empêcher l’air de rentrer ou de sortir par la bouche. En fonction des manœuvres de compensation, les blocks devront être mis en place ou alors supprimés. La technique d’égalisation de Frenzel peut être réalisée en positionnant la langue en T lock, Ka lock ou Ga lock (comme indiqué sur les photos suivantes).
Pendant la consonne morte ‘’P’’, la langue est neutre et il n’y a pas d’air qui arrive des poumons.
Le son est créé par l’ouverture rapide des lèvres.
Cette position s’appelle le bloc P (labial ou lèvres).
Pendant la consonne morte ‘’Ga’’ ‘’Gé’’, la base de la langue vient se positionner sur le voile du palais.
Cette position s’appelle le bloc Ga (ou bloc langue Ga).
Pendant la consonne morte ‘’T’’, le bout de la langue vient se positionner sur les incisives supérieures et, il n’y a pas d’air qui arrive des poumons.
Le son est créé par le mouvement horizontal de la langue qui recule et avance sur les incisives.
Cette position s’appelle le bloc T (ou bloc langue T).
Pendant la consonne morte ‘’Ka’’ l‘arrière de la langue est levé et il n’y a pas d’air qui arrive des poumons.
Le son est créé par le mouvement haut et bas de l’arrière de la langue sur le voile du palais.
Cette position s’appelle le bloc Ka (ou bloc langue K).
LIMITATIONS DE FRENZEL
La seule condition nécessaire pour comprimer l’air jusqu’à l’oreille moyenne est que de l’air soit présent dans la cavité buccale.
Lorsque la langue est positionnée en block T, Ka ou Ga, seulement deux ou trois compressions pourront être réalisées avant que la langue vienne au contact du voile du palais. Attention si la glotte s’ouvre pendant les compressions, l’air sera aspiré par les poumons et il faudra recharger.
D’un point de vue théorique, si l’apnéiste est capable de positionner sa langue dans les différents blocks, il pourra commencer par les compressions en block T puis en block Ka pour finir en block Ga. Plusieurs compressions seront possibles avant de recharger.
Dans la pratique, les compressions se font majoritairement en block Ka. Le block T nécessite un volume d’air plus conséquent afin de pouvoir le comprimer avec le milieu et le devant de la langue.
Quelles sont donc les limites de cette technique ? Cela dépend de la technique de translation d’air que nous utilisons.
Si des contractions abdominales sont utilisées, il sera difficile, sans entrainement, de recharger au-delà de 25 – 30 m.
Si des carpes inverses sont utilisées, il sera possible de recharger bien plus profond.
N.B : Les techniques de charges et carpes inverses peuvent occasionner des traumatismes graves des poumons (lung squeeze) ou de la trachée. Un apprentissage de ces techniques ainsi qu’une adaptation progressive à la profondeur est indispensable.
Les formations proposées chez ecoleapnee ont été conçues pour vous accompagner au cours de l’apprentissage des techniques de compensation.
Sources :
Equalization for freediving – Federico Mana – © 2010 Magenes Editoriale srl
Specific training for freediving – Umberto Pelizzari – © 2015 Magenes Editore S.p.A